La comète géante Bernardinelli-Bernstein livre ses premiers secrets

Les découvreurs de la plus grande comète jamais observée nous en disent plus sur sa taille, ses origines et son orbite.

La comète géante Bernardinelli-Bernstein livre ses premiers secrets
La comète Tchouri photographiée par la sonde spatiale Rosetta. Crédit : ESA, Rosetta

Découverte il y a quelques mois, en juin 2021, C/2014 UN 271 alias la comète Bernardinelli-Bernstein apparaît à ce jour comme la plus grosse jamais observée.

Dans une étude qui sera bientôt publiée dans The Astrophysical Journal (en preprint sur Arxiv), ses découvreurs avancent de nouvelles données sur ses origines, sa taille vraisemblable et son orbite. Selon eux, ce gros bloc de glace et de poussière doit mesurer autour de 150 kilomètres de diamètre — ce qui représente environ 10 fois la taille de la grande comète Hale-Bopp que l’on avait pu admirer en 1995. Si cette information se confirme d’ici son passage au plus près du Soleil en 2021, il n’y a pas de doutes que Bernardinelli-Bernstein est la plus grosse comète qui nous soit jamais donnée de voir. De mémoire d’Homme. Certes, elle s’est déjà aventurée dans les régions les plus chaudes du Système solaire où croisent les planètes, selon eux. C’était il y a 3,5 millions d’années. Il est probable que ce fut sa première incursion. Elle s’était alors approchée de nous à quelque 18 unités astronomiques (18 UA), c’est à dire 18 fois la distance entre la Terre et le Soleil. La prochaine fois, prévue donc dans 10 ans, elle sera encore plus proche, à seulement 10 UA. « Seulement »… cela reste quand même énorme : environ 10 fois la distance entre notre Étoile et Saturne.

Illustration de la comète géante.

Cachée dans les confins du Système solaire, au sein du vaste nuage de Oort depuis des milliards d’années, la comète géante a été délogée de cette région glaciale par un événement qui reste encore à déterminer. Peut-être une étoile de la Galaxie qui s’est trop rapprochée de cette région frontalière ou par d’autres perturbations gravitationnelles.

Les corps dans le nuage d’Oort, repoussés dans les marges du Système solaire peu après leurs créations, sont connus pour être des conglomérats d’éléments primitifs, figés comme des fossiles et ensevelis dans l’obscurité, loin, loin très loin de la chaleur du Soleil. C/2014 UN271 apparait donc aux yeux des astronomes comme un témoin qui n’a pratiquement pas changé depuis sa formation, un témoin dont on a rarement l’occasion de s’approcher. Aussi, plébiscitent-ils le lancement d’une mission qui puisse aller la visiter, à l’instar de Rosetta qui avait passé deux ans en compagnie de la comète Tchouri. On a encore le temps de se préparer, arguent-ils, et pour cela il faudrait que la sonde spatiale quitte la Terre au plus tard en 2028, pour la survoler en 2033. Ce serait vraiment une occasion rare d’étudier un si précieux caillou dont la composition n’a pratiquement pas changé en 4,5 milliards d’années. Un vrai trésor pour les chercheurs et même toute l’humanité pour tout ce qu’il pourra révéler sur nos origines.

Bien que la comète géante n’ira pas plus près du Soleil que l’orbite de Saturne, les auteurs de l’étude à paraître estiment qu’au périhélie, en 2031, sa magnitude pourrait atteindre 9. Pas de quoi la voir à l’œil nu, hélas, mais elle pourrait quand même être observée dans les télescopes d’astronomes amateurs chevronnés. Ce sera le moment d’en profiter, car sa prochaine visite sera dans trois millions et demi d’années.