Une rare et intrigante fresque du zodiaque restaurée dans un temple égyptien
Les représentations du zodiaque sont très rares en Égypte. Une fresque restaurée dans le temple d'Esna montre les différents signes du zodiaque, des planètes et de nombreuses créatures hybrides. Fascinant.
Une équipe de chercheurs égyptiens et allemands, du Ministère égyptien du Tourisme et des antiquités et de l’université de Tübingen respectivement, ont dévoilé le 20 mars dernier les résultats de leurs longs et patients travaux de restauration des fresques de ce qui reste du temple d’Esna (l’un des mieux préservés de la période ptolémaïque). Celles-ci ont enfin montré toutes leurs couleurs et les détails des créatures et personnages du zodiaque qu’elles représentaient, 2 000 ans après leur réalisation. La poussière et la suie qui les recouvraient les ont préservés, ont indiqué les chercheurs, qui montrent plusieurs photos de ces œuvres en bas-relief, avant et après leurs restaurations.
Christian Leitz, qui les a codirigés, rappelle que « les représentations du zodiaque sont très rares dans les temples égyptiens », et hormis celle, ici, d’Esna, il n’en existe que deux autres connues, sur le site de Dendera, précise-t-il. Elles sont toutes tardives, c’est-à-dire postérieures aux pharaons : « Le zodiaque fait partie de l'astronomie babylonienne et n'apparaît en Égypte qu'à l'époque ptolémaïque ». Les œuvres que l’on peut maintenant admirer sont un mélange d’influences grecques, mésopotamiennes et bien sûr égyptiennes.
Des créatures étranges et intrigantes
On y retrouve, notamment mis en avant dans l’iconographie, la constellation du Sagittaire, mais elle n’a pas exactement les mêmes traits que le Sagittaire que nous représentons aujourd’hui dans notre ciel. Celui du temple d’Esna ne croise pas seulement un humain avec un cheval, il a aussi des ailes et une queue de Scorpion. Le Scorpion, justement, est une constellation voisine. Mais, est-ce là pour l’évoquer ? Ou s’agit-il d’une autre créature qui combine tous ces animaux. Ajoutons que l’Homme a le regard en avant et porte comme un masque — ou c’est une tête, une deuxième tête — qui observe ses arrières, dans le sens opposé. Il s’agit d’un lion ou un léopard. Une belle et intrigante variante dont on aimerait connaître le caractère et l’histoire. Un corps multiple. En tout cas, il est armé d’un arc comme notre Sagittaire dont le nom, rappelons-le, vient de la flèche, sagitta.
Les auteurs ajoutent qu’à côté du zodiaque et de ses créatures hybrides (y en a-t-il douze ?), il y a aussi des représentations des planètes Mars, Jupiter et Saturne (pas Vénus ni Mercure ?), et une multitude d’étoiles dont bien sûr, la plus brillante de toutes Sirius, au rôle sacré dans l’Égypte ancienne, car associée à Isis, au crues du Nil et marquée ainsi le passage à une nouvelle année dans leur calendrier. D’autres créatures partagent aussi ce beau tableau, hybrides elles aussi et dont le sens nous échappe : un homme-serpent portant un pot dans chaque main, sans doute des offrandes, précédé d’un homme à tête de lion. Ils sont vus de profil comme tant d’autres œuvres égyptiennes crées tout au long des siècles précédents.
« Le zodiaque était utilisé pour décorer des tombes privées et des sarcophages et était d'une grande importance dans les textes astrologiques, comme les horoscopes découverts inscrits sur des tessons de poterie », raconte le Dr Daniel von Recklinghausen, l’un des auteurs. Une pratique, une « mode », devenue très populaire, pensent-ils, apparues probablement avec l’occupation du pays par les Grecs puis par les Romains, et qui tranchent avec la religion historique depuis longtemps en désuétude, après des siècles de règne sur la société égyptienne. Cet ensemble, indubitablement fascinant, mérite qu’on le déchiffre davantage à partir de nos connaissances actuelles.
Source : Université de Tübingen