Une profusion de galaxies et plein de surprises sur la plus grande image jamais prise par James-Webb

Un peu plus d’un mois après que la NASA a dévoilé la toute première image scientifique de James-Webb — c’était un « Deep Field », son premier champ profond —, le programme CEERS (Cosmic Evolution Early Release Science Survey) vient de publier une imposante mosaïque de quelque 690 images capturées par le télescope spatial dans une même région du ciel, en l’occurrence près du manche de la Grande Casserole, alias la Grande Ourse, relativement pauvre en étoiles de notre Galaxie. Autrement dit, c’est une nouvelle fenêtre ouverte sur l’Univers profond, et quelle fenêtre puisque c’est actuellement la plus grande jamais réalisée par le puissant observatoire spatial.

Voici l'intégrale de la mosaïque du programme CEERS Epoch I capturée avec l'instrument NIRCam du télescope spaital James-Webb. L'ensemble se compose de 290 images individuelles soigneusement assemblées. Les chercheurs furent surpris par la profusion de galaxies inconnues et par de très lointaines candidates débusquées quand l'Univers avait moins de 400 millions d'années, soit il y a environ 13,5 milliards d'années ! Crédit : NASA, STSCI, CEERS, TACC, S. FINKELSTEIN, M. BAGLEY, R. LARSON, Z. LEVAY

Et ce n’est que le début nous explique l’équipe du CEERS : « Époque 1 couvre presque la moitié du sondage complet de la zone dans le ciel et déjà les images ont conduit à de nouvelles découvertes et à une abondance inattendue, mais pas indésirable, de galaxies jamais vues auparavant ».

L’une des galaxies les plus lointaines jamais observées

Des surprises il y en a et le collectif, qui n’a pas encore fait le tour de tous les objets qui apparaissent sur cette vaste image qui bien qu’en deux dimensions, s’étale en réalité en trois dimensions à travers l’espace et le temps sur plusieurs milliards d’années-lumière, en a débusqué une potentielle « impressionnante ».

La « galaxie de Maisie » agrandie sur cette photo extraite de la mosaïque capturée par le JWST et son instrument NIRCam. Cette galaxie est candidate pour être la plus distante jamais détectée par les astronomes. Crédit : NASA, STSCI, CEERS, TACC, S. FINKELSTEIN, M. BAGLEY, R. LARSON, Z. LEVAY

Capturée dans l’infrarouge proche et moyen à travers les instruments NIRCam et MIRI du télescope spatial, la mosaïque pourrait contenir dans un de ses recoins, ce qui pourrait bien être la plus lointaine galaxie jamais vue, et battre alors le précédent record tout récent de SMACS 0723 débusqué par d’autres chercheurs dans le premier « Deep Field ». S’il se confirme que celle que l’équipe a surnommée la « galaxie de Maisie » (du nom de la fille du directeur du programme Steven Finkelstein), « a un redshift supérieur à 11.8, cela signifierait que nous voyons cette galaxie moins de 400 millions d’années après le Big Bang », écrivent-ils. Ce qui commence à nous rapprocher beaucoup de la naissance des premières galaxies de l’Univers. Et des premières étoiles. La galaxie dite de Maisie n’est donc encore qu’un bébé, empli d’étoiles très jeunes. L’équipe a publié un article scientifique décrivant leur découverte qu’ils ont titré A Long Time Ago in a Galaxy Far, Far Away : A Candidate z ~ 14 Galaxy in Early JWST CEERS Imaging. « Une galaxie candidate avec un redshift de z=14 », ce qui voudrait dire que nous la voyons comme elle était 290 millions d'années environ après le Big Bang !

Des galaxies remarquables

Un peu moins loin de nous, les chercheurs de CEERS ont pointé sur leur relevé quelques cas remarquables de galaxies parmi toutes celles détectées dans cette direction. La première d’entre elles est cette galaxie spirale (photo ci-dessus) dont la vue pénétrante de James-Webb permet de réaliser combien elle rayonne de jeunes et ardentes étoiles bleues ainsi que d’une profusion d’essaims d’étoiles.

Quelques cas de galaxies remarquable. Crédit : NASA, STSCI, CEERS, TACC, S. FINKELSTEIN, M. BAGLEY, R. LARSON, Z. LEVAY

Il y aussi des galaxies spirales en interaction et une très belle et probable supernova qui vient d’exploser — relativement récemment ! — en marge de l’une d’elles, près de l’un des points de contact (photo ci-dessous).

Puis il y a le « Space Kraken », le Kraken de l’espace, un beau groupe de galaxies surnommé ainsi par l’équipe.

Comme l’encourage le CEERS, n’hésitez pas à vous rendre sur leur site pour profiter au maximum de cette importante image ou de certains de ses détails isolés en les téléchargeant. L’équipe recommande également de les ouvrir sur votre ordinateur et sur le plus large écran possible afin d’en avoir plein les yeux en naviguant dedans à votre souhait, en zoomant et dézoomant, et surtout, surtout pour vous perdre dans cette immense et profonde forêt de galaxies.